Contribution de la terre crue à la qualité de l’air intérieur : compréhension des mécanismes de sorption du CO2

Abstract:

Ces dernières décennies, l’optimisation de l’efficacité énergétique des bâtiments a conduit à des enveloppes de plus en plus étanches. Si cette évolution a permis de réduire la consommation d’énergie, elle a également diminué le renouvellement de l’air intérieur, favorisant ainsi l’accumulation de polluants dans l’environnement bâti. Aujourd’hui, un défi majeur est de concilier performance énergétique, confort et qualité de l’air intérieur. C’est dans cette perspective que l’on s’intéresse à la terre crue : déjà reconnue pour sa capacité à réguler l’humidité intérieure grâce à ses propriétés hygroscopiques, elle pourrait également contribuer à la réduction de certains polluants tout en s’inscrivant dans une démarche de construction bas carbone.

Dans ce séminaire, je présenterai les mécanismes d’interaction entre les argiles contenues dans la terre crue et les polluants de l’air, en mettant l’accent sur la sorption du CO₂ (principalement issu de la respiration humaine dans les espaces clos). Mes travaux de thèse ont permis d’identifier les processus physico-chimiques impliqués dans cette sorption, notamment la physisorption et la dissolution du CO₂ dans l’eau adsorbée, et d’évaluer leur impact à l’échelle d’un enduit appliqué sur les parois intérieures. Cette approche expérimentale a été complétée par une modélisation numérique visant à prédire l’effet d’enduits en terre crue sur la concentration en CO₂ d’espaces de vie typiques (chambres, salle de classe…). J’introduirai ensuite mes travaux de post-doctorat, qui s’inscrivent dans la continuité de cette recherche, en explorant les interactions entre la terre crue et trois Composés Organiques Volatils (COV). L’objectif de mes travaux est de mieux comprendre et optimiser le rôle des matériaux à base de terre crue dans l’amélioration de la qualité de l’air intérieur, tout en renforçant leur intégration dans les pratiques de construction durable.

Short bio:

Sofia Arris-Roucan est post-doctorante au laboratoire SIAME de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA). Elle a réalisé sa thèse entre l’ENTPE (Lyon) et l’UPPA, où elle a étudié les matériaux de construction en terre crue et leur rôle dans l’amélioration de la qualité de l’air intérieur. Ses travaux portent sur la compréhension et la caractérisation des interactions entre les argiles et les polluants de l’air. Durant sa thèse, elle s’est concentrée sur l’adsorption du CO₂, tandis que son post-doctorat lui permet d’élargir cette approche aux Composés Organiques Volatils (COV).